LES FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES DE 2008

 

Une campagne de fouille archéologique a été menée à la demande des Amis de la Tour, en vue de dégager une partie du remblai qui recouvre le cul-de-basse-fosse sur près de quatre mètres d’épaisseur. Le sondage archéologique réalisé en 2008 par le bureau d’étude Evéha, avec des bénévoles de l’association, a permis de mettre au jour sur une petite surface les niveaux de fondation de la tour.

Divers mobiliers archéologiques ont été découverts, dont quelques objets métalliques plutôt bien conservés comme une monnaie à l’effigie du roi Charles VII, frappée entre 1423 et 1426, une épingle et surtout trois grelots pouvant avoir servi à des fauconniers ou comme objets d’apparat.

L’étude des couches archéologiques a permis de déterminer une phase de construction, des niveaux de dépotoir datés des XIVe et XVe siècles mais aussi un niveau d’incendie contenant des fragments de tuile calcinés et du charbon. S’en suit une phase d’abandon dès la fin du XVIe siècle, avec des effondrements massifs des toitures. Les niveaux supérieurs, enfin, contiennent de nombreux blocs de parement effondrés au fil des siècles.

 

UNE HISTOIRE PASSABLEMENT TOURMENTÉE…

 

Comparons ces données archéologiques avec les sources écrites : un « château » est évoqué dès la fin du XIe siècle dans les écrits médiévaux. D’après les données archéologiques et architecturales, la tour et donc sans doute le château, n’ont été édifiés qu’à la fin du XIIe ou au début du XIIIe siècle. Peut-on alors considérer qu’un château plus ancien, peut-être en bois, ait pu exister ? Ce n’est pas impossible, mais on n’en a pas retrouvé de trace jusqu’ici.

Les textes anciens évoquent par la suite tantôt « la tour maîtresse », tantôt « la tour ou fort et motte » de Château-Chervix, à la fin des XIIe et XIIIe siècles, ce que corroborent les données de terrain. Château-Chervix appartient alors aux vicomtes de Limoges et restera dans leur mains jusqu’en 1598. Aux XIVe et XVe siècles, on qualifie le site de « château, tour ou fort de Château-Chervix ». On reste donc dans la même veine d’idée, avec on le voit la notion de tour qui revient de manière systématique, ce qui prouve bien le caractère emblématique et dominant de cette tour dans l’ensemble castral.

Le Château change régulièrement de propriétaires au cours de ces deux siècles, puisqu’il est pris par les Anglais en 1355, dans le cadre de la guerre de Cent ans (1337-1453). Il revient dans les mains des vicomtes de Limoges vers 1375, qui le revendent et le rachètent successivement tout au long du XIVe siècle, à divers seigneurs locaux, dont la famille des Cognac qui sont par ailleurs seigneurs de Saint-Jean-Ligoure. Au début du XVIe siècle, une description datée de 1502 explique qu’ « au chasteau de Cherviz n’a que une grosse tour descouverte que cent ans a que fust couverte, et une vielhe sale anciene », autrement dit un état d’abandon déjà avancé à cette période ; de plus, ce siècle est marqué par un événement tragique mêlant réalité historique et part de légende : en 1551, le seigneur Jean de Cognac, aidé par un prêtre corrompu nommé Bernardieras, se livre à la fabrication de fausse monnaie ; inquiet que l’un des membres de sa famille ait été condamné pour la même activité, il décide avec son complice d’assassiner femme et enfants pour se prévenir de témoignages accablants, puis d’incendier le château afin d’y effacer toute trace de son crime. Ces faits sont avérés par des documents d’archives précisant que Jean de Cognac fut condamné par contumace, puis retrouvé et exécuté en Suisse où il s’était enfuit… Cet épisode trouve peut-être un écho dans le niveau d’incendie repéré lors de la fouille archéologique, qui est postérieur aux niveaux de dépotoir des XIVe et XVe siècles.

 

Après cet événement, le château n’a semble-t-il jamais été restauré et les vicomtes, après y avoir gardé des droits jusqu’en 1598, le vendent définitivement à la famille Pérusse des Cars. Celle-ci revend Château-Chervix quatorze ans après aux seigneurs de Tourdonnet, qui en resteront propriétaires jusqu’à la Révolution. Confisquée puis vendue au profit de la Nation en 1794, la tour connût ensuite plusieurs familles de propriétaires jusqu’à ce qu’elle soit achetée puis classée Monument historique par la commune de Château-Chervix en 1945. Et depuis 2001, les Amis de la tour et la municipalité œuvrent à sa valorisation et lui redonnent vie peu à peu…